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Depuis 2023 La Pommeraie idéale redevient un jardin privé fermé au public, et ce pour une durée indéterminée.

 

Ce changement de fonctionnement me permet de continuer l'aménagement de ce décor sans que le temps soit interrompu par des saisons touristiques inadaptées à ce projet.

 

Pendant treize ans des visiteurs souvent sympathiques sont venu voir ces jardins, attirés par cette enseigne « Pommeraie » et souhaitant parler variétés locales ou anciennes, jus de pommes et « beaux jardins ».

Il y a certes eu au départ malice de ma part à détourner ce mot pommeraie pour en fait ne m'intéresser qu'à une des composantes des jardins : le temps.

Ces formes fruitières jardinées sont le meilleurs sujet d'exercice pour parler du temps long.

 

Depuis 2006 point de départ de ce chantier, plusieurs de ces constructions fruitières arrivent à leur aboutissement. D'autres sont en cours de formation et certaines n'en sont qu'à leur prime jeunesse.

 

Je passe sur les échecs peu nombreux mais cuisants qui obligent à reprendre à zéro et dans l'acceptation certaines parties.

Un vase dans le Clos des Belles que j'ai dû recommencer en 2013 nécessitera encore une trentaine d'années pour trouver sa silhouette définitive. Le porte greffe qui supporte cet arbre lui permettra d'espérer une vingtaine d'années de vie supplémentaires, nécessitant toujours les mêmes tailles et la même surveillance.

 

De tout cet ensemble émane une grande fragilité puisque je travaille seul en ayant mis la barre très haute, une certaine part d'utopie assumée et la recherche de la très grande beauté.

A tout cela il faut ajouter l'incertitude de pouvoir y arriver.

Je ne sais pas comment employer les mots art et œuvre pour décrire ce que je fais mais c'est pourtant bien de cela dont il s'agit.

 

Je me suis imposé un travail très ambitieux, qui me dépasse peut-être mais dont je doit résoudre les problèmes techniques et trouver un fonctionnement économique en cohérence avec les thèmes qui en sont à l'origine.

C'est un décor en construction qui n'a pas encore trouvé sa raison d'être officielle. Mais je suis  confiant car je ne suis pas pressé. 

 

Je me donne une dizaine d'années encore pour amener à maturité ce parc dans la tranquillité et une solitude dont j'ai besoin. Le peintre peint sa toile , l'alpiniste gravit sa montagne et moi je fait ma pommeraie.

 

Merci de votre patience et à bientôt.

 

 

Dominique STILLACE